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Portraits Institut Mines-Télécom Business School - Portrait de Sylvie KHAMPHOUSONE (IMT-BS 2010), Auteur de livres bilingues français/ chinois pour enfants
Peux-tu te présenter ?
Je suis Sylvie Khamphousone, je suis diplômée de IMT-BS promo 2010, actuellement responsable d’applications informatique ServiceNow, maman d’un petit garçon de 3 ans et auteur de livres bilingues français/ chinois pour enfants depuis septembre 2021.
Peux-tu nous rappeler rapidement ton parcours scolaire et nous dire ce que cela t’as apporté?
J’ai obtenu un Bac S mention bien puis je suis entrée en classe prépa éco. Cela m’a apporté de très bonnes méthodes de travail et j’ai intégré IMT-BS dans le cadre du programme Grande Ecole où j’ai fait le master en ingénierie des systèmes d’information. J’ai rejoint cette école pour son volet entrepreneuriat et sa vie associative qui est incroyablement riche. Cette école m’a donné l’envie et le goût d’entreprendre ; j’avais déjà l’idée d’un projet de création de site web de mise en relation entre les élèves sortants de classe prépa et ceux qui y entraient notamment pour le partage des livres à acheter. Cette école m’a également inspirée et fait cheminer grâce aux entrepreneurs qui témoignaient de leur parcours, des difficultés liées à l’entrepreneuriat. Mon 1er stage était au sein d’une société qui était incubée à l’école : « Outwit Technologies ».
Peux-tu nous expliquer ton parcours professionnel ?
Comme beaucoup d’étudiants, jeune diplômée j’ai intégré un cabinet de conseil : « MC2I » où j’ai fait du conseil à la maîtrise d’ouvrage pendant 2 ans et demi. Ensuite j’ai voulu réaliser mon rêve chinois et j’ai réussi à trouver un VIE d’1 an à Hongkong dans les passeports biométriques. Aujourd’hui j’occupe le poste de responsable d’applications chez Valeo. Depuis 2021, je conçois en parallèle des livres bilingues pour enfants. D’abord des livres éducatifs comme des imagiers, des « cherche et trouve » et des livres de coloriage bilingues (français/chinois) et trilingues (français/anglais/chinois). Actuellement, je suis sur le manuscrit d’un livre illustré avec un petit héros français/chinois. Pour y arriver j’ai dû créer mon autoentreprise et mon objectif en 2021 était d’accompagner les parents dans la transmission de leur langue maternelle et de l’éveil de leurs enfants aux langues vivantes, grâce à des supports pédagogiques, ludiques et qualitatifs. Depuis, mon objectif a changé : je souhaite également rendre les familles LGBTQ plus visibles et aider les enfants des familles homoparentales à s’identifier à des personnages qui leur ressemblent à travers de belles histoires car la représentation dans la littérature jeunesse est importante.
Comment concilie-t-on la vie de Responsable d’applications ServiceNow chez Valeo à celle d’auteur de livres pour enfants ? Comment t’est venue l'idée de ce projet ?
Concilier deux emplois et sa vie de famille est bien compliquée car j’aime quand les projets avancent et en même temps, le plus important reste la vie de famille, le fait de voir mon enfant grandir et s’épanouir. Pour tout mener de front, j’apprends à travailler très efficacement au sein de mon entreprise où je suis en CDI et à me fixer des objectifs moins ambitieux pour l’auto-édition avec trois tâches à faire par jour seulement.
Puis je me suis fixée des règles : le week-end est vraiment dédié à la vie de famille et aux loisirs. Le soir, j’essaie de passer du temps de qualité avec ma femme et mon enfant. Il m’arrive de travailler le soir mais cela devient plus rare.
Mais pour être honnête, ce n’est pas évident tous les jours pour jongler avec ces différentes activités et casquettes.
L’idée des livres est née d’un besoin : celui de mon propre enfant ! Dès la naissance de mon fils, je lui ai parlé en chinois mandarin pour qu’il ait la chance d’être bilingue. Je voulais qu’il apprenne le chinois car en plus d’être la langue de mes ancêtres, c’est une langue difficile à apprendre ! Donc tout un héritage culturel que je voulais lui transmettre. En août 2021, à chaque fois que mon fils voulait qu’on lui lise un livre en chinois, personne à part moi ne pouvait le lui lire et lorsque j’ai voulu trouver des livres français/chinois en France, il y’en avait très peu, c’est à ce moment-là que je me suis dit : « si je concevais mes livres ? ». C’est de cette identification, de la faible offre de livres français/chinois, que je me suis lancée et que je me suis dit qu’il y’avait peut-être une niche intéressante à exploiter.
Quelles ont été les bonnes et moins bonnes surprises de ta vie d’entrepreneur ?
Ce qui est vraiment bien dans l’auto édition est que la prise de risque est très faible car l’impression est faite à la demande. On crée des livres et le seul risque est le temps de conception du livre et il n’y a pas de stock à gérer. Je me suis formée dans l’auto édition, je fais mes propres couvertures et le contenu. Les bonnes surprises sont la faible prise de risque et la très grande liberté, je fais le livre que je veux, aucune contrainte de ligne éditoriale imposée par une maison d’édition. Les belles rencontres font également parties des belles surprises et en plus elles aident à faire avancer le projet ; le réseau est extrêmement important. Dans les moins bonnes surprises il y a l’auto-motivation qui n’est pas évidente tous les jours, de plus, on ne fait pas que les choses qu’on aime ! Pour moi, toute la partie démarchage, prospection, faire connaître son produit n’est pas le plus simple mais c’est très important pour la commercialisation parce que ce n’est pas parce qu’un livre est bien fait qu’il va se vendre tout seul ! L’autre moins bonne surprise est qu’on peut aisément être aveuglé par son propre produit. Il ne faut jamais oublier qu’en face du produit il y’a toujours un marché ! Il faut toujours savoir se remettre en question. Par exemple, dans mon cas, un changement de couverture a aidé les ventes du simple au double alors que j’aimais déjà beaucoup ma 1ère couverture !
Quels conseils donnerais-tu aux étudiants ou à un futur entrepreneur ?
Si vous avez une idée dans l’auto édition, foncez et apprenez en écrivant ! Les compétences sont les connaissances que l’on met en pratique. Il ne faut pas rester sur une idée griffonnée sur un bout de papier. De plus, il est plus facile de changer un produit que de changer un marché ! Il faut savoir se remettre en question. Un autre conseil c’est qu’il est important de satisfaire ses besoins psychologiques. La création d’auto entreprise peut être anxiogène en termes de sécurité par rapport aux charges du quotidien et de la faible visibilité qu’on a sur nos revenus au début. Pour ma part, j’ai besoin pour le moment de garder mon emploi chez Valeo pour satisfaire mon besoin de sécurité car j’ai pris conscience que ma créativité a besoin de légèreté. Quand je me suis projetée à devoir créer des livres pour en vivre, j’étais paralysée par l’angoisse. J’ai donc décidé de renoncer à ma demande de rupture conventionnelle car c’était encore trop tôt. La prise de décision doit toujours être bien mesurée.
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