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Portraits Institut Mines-Télécom Business School - Portrait de Thyda HAUSHEER (IMT-BS 2006), APAC Engagement Manager - Google - Singapour
Présentez-nous votre parcours
Bonjour, je m’appelle Thyda HAUSHEER (IMT-BS 2006) et je suis actuellement Engagement Manager chez Google à Singapour. Je me définis comme une hyperactive et je suis très attachée aux projets associatifs. En dehors de la sphère professionnelle, je porte plusieurs initiatives pour la communauté française à Singapour et en Asie du Sud-Est.
Qu’est-ce qui vous a conduit à intégrer IMT-BS ?
Je viens d’une famille de réfugiés sino-khmers et j’ai grandi en ZEP. A force de travail, j’ai intégré une prépa ENS à l’issu de laquelle j’ai passé les concours pour Normale Sup mais aussi le concours pour intégrer les écoles de commerce. Je cherchais avant tout à ajouter un « côté international » à mes études. Ce qui était remarquable chez IMT-BS, c’était la double compétence Business et IT.
Comment a été votre parcours à IMT-BS ?
J’ai décidé d’intégrer le double diplôme IMT-BS/Dauphine, qui entrait toujours dans cette logique de la double compétence. Je n’ai pas fait beaucoup de soirées à l’école, car il s’agissait d’un parcours exigeant qui m’a beaucoup apporté. Mon premier stage long était à la SNCF, un stage durant lequel je faisais de la planification et de l’organisation pour les gares du TGV Est. Cependant le stage n’était pas très stimulant, et je me suis vite retrouvée à aider d’autres département comme la comptabilité, une fois mes tâches terminées. Il me fallait un environnement plus motivant. Du coup, j’ai changé pour un stage à la Société Générale. Il y avait des visio-conférences avec l’international et ça me plaisait énormément. J’ai même rencontré ma mentore, une femme qui est devenue une amie avec le temps. Après mon stage à la Société Générale, j’ai décidé de faire ma dernière année en double diplôme à l’Université de Laval au Canada. Cela me permettait d’obtenir le Master de l’école plus un MBA. Par ailleurs, j’ai décroché un job en tant qu’assistante professeur pour assumer le coût de la vie sur place et éviter de prendre un crédit. Mon stage de MBA m’a fait voyager à Londres à la Société Générale. Au bout de 3 jours en Angleterre, je suis victime d’une violente agression qui ont rendu les 5 mois suivants… horribles. Cependant, je ne me suis pas laissée abattre et après une longue procédure judiciaire, les agresseurs ont été condamnés.
Après ces études où vous avez accumulé les doubles compétences et doubles diplômes, comment avez-vous débuté votre carrière ?
Grâce à mes performances à la Société Générale, j’ai obtenu un poste de VIE à New York, ce qui n’a pas été évident pour mon futur mari qui était en France. Après cette expérience, j’ai obtenu un poste de Middle Office Manager à Paris. Néanmoins, mon retour en France s’est révélé comme un choc culturel après plus de deux ans passés à l’international, dans des cultures de travail anglo-saxonnes. C’est le phénomène de « l’impatriation » ! Je n’étais pas non plus dans le bon poste. J’ai donc changé pour une entreprise internationale en consulting : PwC où j’ai rejoint la branche « Financial Services ».
Comment êtes-vous arrivée à Singapour ?
Après 4 ans chez PwC, j’ai ressenti le besoin de regarder vers de nouveaux horizons et plus particulièrement de revenir à mes origines. En effet, mes parents ont dû quitter le Cambodge à cause de la guerre alors que je n’avais que 5 ans C’est donc tout naturellement que j’ai cherché des opportunités en Asie. Nous sommes arrivées à Singapour avec un bébé d’un an, sans travail et avec nos économies en poche. Grâce au réseau de l’école au 3-4eme degré, j’ai trouvé un poste dans une banque internationale nommée Standard Chartered Bank. Durant ces 7 années au sein de la firme, j’ai pu m’appuyer sur mes connaissances en transformation numérique et mon expertise en finance en tant que responsable du changement et de la transformation.
Après un retour de congé maternité difficile, j’ai retrouvé un poste dans le conseil chez Accenture où j’ai travaillé d’arrache-pied, nuit et jour au sein d’une « équipe commando » pour les projets en crise. Le seul souci est que quand on a 3 enfants dont un nourrisson qu’on allaite toujours, ce n’est plus si facile de travailler jusqu’à minuit et les weekends.
J’ai donc fait une pause pour finir d’allaiter mon 3ème bébé. Mon retour sur le marché du travail, début 2020, a été fortement mis en péril par l’épidémie du Covid qui commençait à se répandre dans le monde. Heureusement, après 7 entretiens, j’intègre Amazon Web Services en tant que gestionnaire des migrations sur le cloud pour les clients en ASEAN. Récemment, j’ai rejoint Google, l’entreprise de mes rêves en tant qu’Engagement Manager. C’est un poste d’avant-vente, orienté vers le soutien aux ventes et la rédaction des contrats pour les clients. Je me charge de la zone JAPAC, Japon et Asie Pacifique.
Quelles sont les différences culturelles qui vous ont frappées à Singapour ?
En premier lieu, le calendrier professionnel est différent à Singapour. Rien ne change en entreprise avant la fin du nouvel an lunaire, qu’on appelle communément « le nouvel an chinois ». Les employés attendent de recevoir leur bonus avant de changer d’entreprise. Peu de gens ne bougent avant la fin des festivités.
En second lieu, le fait d’être une femme dans la Tech peut se révéler assez compliqué, car on peut avoir des remarques déplacées. Il existe de nombreux préjugés qu’on doit combattre notamment sur le fait qu’on doute parfois de tes compétences techniques en informatique. Heureusement que j’ai passé mes certifications cloud. J’ai également eu quelques problèmes liés à l’allaitement en entreprise. Nous sommes pourtant au XXIème siècle !
Pourriez-vous nous parler un peu plus de votre engagement associatif ?
Je suis référente pays pour les diplômés des écoles de l’IMT depuis 5 ans ainsi que co-organisatrice pour l’association des « French Grandes Ecoles ». Avant le COVID, j’organisais des afterworks où j’aidais aussi à la venue des directeurs d’écoles. Pour l’association Krousar Thmey, j’avais donné un cours de cuisine khmère qui avait permis de lever des fonds pour l’ONG. Pendant la période du COVID, j’ai organisé des webinaires pour aider les gens à rester connectés aux évolutions du marché et entre eux pour continuer à réseauter. J’ai co-organisé des cours de pâtisserie et de méditation en ligne.
Je suis également co-organisatrice de l’AFAS (Association des Français Asiatiques à Singapour) et pour laquelle j’ai été plusieurs fois speaker, notamment pour des sujets comme le choix de l’assurance santé dont la maternité ou encore sur le recrutement et les certifications dans le cloud. C’est ma manière de redonner.
Pour vous dire, mon mari est entrepreneur et représente l’association de CentraleSupélec. C’est un peu de famille !
Récemment, je me suis engagée en politique en rejoignant la liste « Trait d’Union des Français à Singapour » pour l’élection des conseillers des français de l’étranger. On m’a proposé d’en faire partie et j’ai accepté, car j’aide depuis longtemps la communauté française sur place, notamment durant le COVID pour aider, avec la conseillère élue actuelle, à rapatrier les gens qui désiraient rentrer en France par exemple. Les conseillers consulaires sont des élus de proximité. Leur rôle est de défendre les Français de leur circonscription au sein du Conseil Consulaire qui traite des questions relatives à l’enseignement, aux affaires sociales, aux aides aux Français en difficulté et à leurs droits, notamment pour la suppression de la CGS-CRDS par exemple. J’estime qu’il est important de faire un retour d’ascenseur étant donné que la France m’a aidée à devenir qui je suis et je lui en suis très reconnaissante.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et jeunes diplômés d’aujourd’hui ?
Le premier conseil serait de ne pas hésiter à contacter le réseau. Nous sommes là pour eux. Le réseau peut ouvrir des portes. J’ai moi-même référé personnellement plus de 30 personnes chez Amazon et je les ai soutenus pour leurs préparations aux entretiens ou leurs certifications. Mais il faut aussi être là pour le réseau. Ça marche dans les deux sens. Il importe de rester authentique dans son réseau et ne pas réseauter uniquement par opportunisme, ce qui veut dire ne pas contacter les gens seulement au moment des recherches d’emploi mais créer son réseau avant et le maintenir ! Personne n’aime être utilisé ! Mettez-vous à la place de l’autre !
Le deuxième est de se donner les moyens. C’est ce que j’ai fait durant toute ma vie. Il ne faut pas avoir peur de travailler.
Le troisième est un conseil sur la carrière, il ne faut pas prendre des postes pour la « gloire ». Il vaut mieux travailler pour un poste correspondant à ses forces comme l’IT que pour un titre en « Front Office » en banque par exemple. Il est d’ailleurs important de rester occupé, d’avoir le moins de trous possibles dans son CV. Il faut rester loyal à son entreprise pour bâtir une carrière en profondeur mais il faut aussi que la direction de cette firme corresponde à vos valeurs et aspirations personnelles.
Enfin, je dirais qu’il faut être patient, ne pas tout vouloir immédiatement et surtout ne pas avoir d’idées préconçues. Cela vous ouvrira des portes.
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