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Portraits Télécom SudParis - Découvrez la tribune de Sylvain Waserman
Réussir à concilier numérique et environnement est un défi déterminant pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Nous savons que le numérique est une formidable opportunité pour accélérer la transition écologique, mais nous savons aussi que derrière chaque technologie se cache une empreinte carbone croissante qu’il faut maîtriser pour atteindre la neutralité en 2050.
Le numérique joue un rôle majeur d’amélioration de l’efficacité dans tous les secteurs, passant de l’optimisation des ressources énergétiques à l’accompagnement de l'agriculture. Mais en France, en 2024, son empreinte carbone a atteint 29,5 Mt CO₂ eq, et sa consommation d'électricité représentait 51,5 TWh, soit 4,4 % de l’empreinte carbone nationale et 11 % de la consommation électrique du pays. Et cette tendance va nettement s’accélérer avec l’essor de l’IA qui est en passe de devenir l’un des plus grands défis climatiques du siècle.
Et pour répondre à ce défi, il est essentiel de développer des services numériques plus sobres, d’allonger la durée de vie des équipements, d’améliorer la performance énergétique des data centers et de miser sur une IA plus frugale, fondée sur des modèles adaptés aux besoins réels.
Réussir à maîtriser un secteur en pleine expansion, tout en contrôlant son impact.
Concilier responsabilité environnementale et développement économique dans le secteur du numérique est un donc défi que nous devons relever collectivement. Nos experts de l’ADEME accompagnent des projets innovants qui mettent le numérique au service de la transition écologique (« IT for Green »). Par exemple, pour optimiser les solutions de co-voiturage de proximité avec une communauté de confiance, ou pour combattre les pics d’électricité en réduisant nos consommations de fonction ciblée (recharge de voiture électrique différée, puissance de chauffage limitée en temps réel durant les moments critiques). Ou encore de nouvelles perspectives, par exemple concernant l’adaptation au changement climatique avec un projet mobilisant l’IA pour détecter, dans une métropole, les zones "plantables" et utiliser la végétalisation pour créer des zones rafraîchissantes. *
L’autre défi est de rendre ce secteur plus responsable (« Green IT »), en progressant sur le contrôle de l’impact du numérique en termes de consommation de ressources des outils et des logiciels dont les rythmes de croissance sont démesurés. Les grands acteurs de l’IA investissent des sommes considérables pour développer de nouveaux data centers, même si la consommation d’énergie des nouvelles générations est de plus en plus optimisée. C’est en effet leur principal coût opérationnel et ils considèrent également que le verdissement de l’IA est stratégique et facteur d’acceptabilité pour les citoyens et donc les législateurs. De plus, l’éco-conception des services numériques se structure avec par exemple une méthodologie publiée par l’Arcep et l’Arcom, avec le soutien de l’ADEME. Enfin, le renouvellement des terminaux (le hardware) pèse encore plus de la moitié de l’impact environnemental, mais les programmes de lutte contre l’obsolescence programmée ou les comportements de renouvellement compulsifs se multiplient. Autant de pistes pour éviter le dérapage incontrôlé de l’empreinte carbone du numérique, qui reste un défi dont ni le législateur ni les acteurs du numérique ne peuvent rester indifférents.
Changer de trajectoire et montrer la voie de solutions durables.
Sobriété et innovations vertes seront donc toutes deux parties intégrantes des transformations des modèles actuels. A l’ADEME, nous ne sommes pas techno-solutionnistes : nous croyons en l’innovation et nous la soutenons, mais nous pensons que la technologie ne doit être en aucun cas l’alibi de l’inaction climatique et de la défense aveugle de certaines dérives de nos modèles existants. Et des pistes existent pour encourager des modèles sobres et performants : en développant des centres de données locaux, alimentés en énergie décarbonée et soumis à nos normes environnementales ou encore en soutenant des startup françaises et européennes qui imaginent déjà une IA durable tout en étant crédibles à l’internationale. Relever les défis du numérique est un combat qui se joue maintenant. Les acteurs de la transition écologiques - législateurs, exécutifs, monde économique et associatif, citoyens - doivent
s’en emparer pour en anticiper les risques, tout en en faisant un levier au service de la transition écologique.
Sylvain Waserman, Président de l'ADEME
*Source : https://www.banquedesterritoires.fr/12-territoires-selectionnes-pour-concevoir-lia-frugale-au-service-de-la-transition-ecologique
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